mercredi 2 mars 2011

Méthode : Lire un texte historique

1. Les références d'un texte
• L'auteur : ici, un ancien combattant, cité dans un ouvrage d'Antoine prost
• Le titre : indiqué ici en italiques
• L'éditeur : La FNSP, Fondation Nationale de Sciences Politiques
• L'année de parution : 1972-1973, mais noter ici qu'il s'agit d'un discours prononcé en 1936

Surtout ne pas confondre les références d'un document avec le titre que lui ont donné les auteurs d'un manuel (ici, "la barbarie ordinaire")

2. La nature d'un texte
Les documents proposés peuvent être un discours, un texte de loi, une correspondance privée, des mémoires, un journal intime, un rapport, un article de journal, un extrait de livre, un témoignage, un tract…


Ces documents peuvent être officiels (une loi, un décret), publics (un discours, un article de journal…), privés (correspondance privée), secrets (rapport…)

La nature et le caractère d'un document lui donnent donc un sens qui peut être différent d'un autre : le regard porté sur un même évènement peut varier (une manifestation de rue ne sera pas relatée de la même manière par un témoin, un manifestant ou un journaliste présent).

3. Pour répondre aux questions posées sur un texte
Il faut lire attentivement le texte et le comprendre, chercher les mots ou les idées principales.
Il faut répondre précisément aux questions avec un vocabulaire simple et adapté, sans citer le texte ni le paraphraser (en reprendre des éléments pour le réécrire).

Une barbarie ordinaire
"Tout récemment, dans un groupe de jeunes gens qui s'étaient réunis pour m'adresser des compliments, je disais : Ç Le héros est mort. L'invalide seul demeure. Voyez surtout en moi un homme qui n'a pu parcourir 500 metres à pied depuis l'age de 23 ans. Ne regardez jamais la guerre à travers cette atmosphère légendaire et romanesque tissée de galons et de décorations. Considérez-la avec vos yeux les plus réalistes, et vous ne verrez que ventres ouverts, figures en bouillie, membres dechiquetés, vos mamans qui pleurent, vos fiancées qui pleurent, des orphelins qui réclament leurs pères.È
J'aurais pu ajouter autre chose et ceci m'amène à vous faire un aveu, un aveu qui m'en coûte et que peu de combattants, faute sans doute de savoir lire en eux-mêmes, se hasardent à articuler. La guerre a fait de nous, non seulement des cadavres, des impotents, des aveugles ; elle a aussi, au milieu de belles actions, de sacrifice et d'abnégation, réveillé en nous, et parfois porté au paroxysme, d'antiques instincts de cruauté et de barbaric. Il m'est arrivé - et c'est ici que se place mon aveu - à moi qui n'ai jamais appliqué un coup de poing à quiconque, à moi qui ai horreur du désordre et de la brutalité, de prendre plaisir à tuer. "

Discours d'un ancien combattant, le 15 aout 1936 à l'occasion d'une remise de décoration. Cité par A. Prost, Histoire sociale de la France au XXe siècle, Cours IEP, FNSP, 1972-1973.